Concert

20ème Festival de Pâques de Deauville
du 23 avril au 7 mai 2016

En 1997, quatre jeunes solistes – Renaud Capuçon, Jérôme Pernoo, Nicholas Angelich et Jérôme Ducros - fondaient le festival de Pâques de Deauville avec Yves Petit de Voize et le parrainage spontané de Maria João Pires, d’Augustin Dumay et d’Emmanuel Krivine. Dans l’écrin idéal de la salle Elie de Brignac (célèbre pour ses ventes de pur-sang) ils invitèrent à les rejoindre tout ce que la France comptait de jeunes musiciens de chambre doués et ambitieux. Du trio à l’orchestre et de la musique baroque à celle de notre époque, une centaine de jeunes instrumentistes et d’ensembles se retrouvent toujours chaque printemps à Deauville dans le même esprit d’amitié et de partage qui prévalait il y a vingt ans. Des carrières s’y sont révélées, des vocations affirmées et des ensembles s’y sont formés comme Le Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rhorer. « Incubateur de talents, lieu unique de rencontres et d’expérimentations » (La Tribune), le festival de Pâques de Deauville réunit toujours « tout ce qui naît ou s’affirme, avec une conception large du répertoire » (Le Monde).
samedi 07 mai 2016
La mer des Hébrides, face à la côte
occidentale de l'Ecosse, a donné son nom à un archipel. On compte parmi ses
nombreuses îles, Steffa, bordée de falaises et marquée par un relief
basaltique. Parmi ces impressionnantes colonnes minérales s'est constituée une
vaste grotte baptisée Fingal, nom d'un héros populaire. Mendelssohn l'a
découvre lors de son séjour en Ecosse en 1829. Cette page symphonique d'une
dizaine de minutes se veut plus impressionniste que descriptives même s'il est
permis de voir dans le premier thème, un arpège de tonique mineure descendant,
exposé d'emblée par les bassons, les altos et les violoncelles à l'unisson, la
houle marine. Le second sujet, en mode majeur, ample, lyrique et généreux,
revient aux violoncelles. Au moment de la réexposition, il sera confié à la
clarinette. L'ouverture s'achève pianissimo sur un pizzicato des cordes.
Vado, ma dove K 583
Mozart composa cet air à l'attention de la
soprano Louise Villeneuve, future créatrice du rôle de Dorabella dans Cosi fan
tutte. Il devait s'insérer dans une reprise, en 1789, de Il burbero di buon
cuore, opéra de Vicente Martín y Soler, composé sur un livret de Da Ponte et
présenté à Vienne en 1786. Cet air en deux parties débute Allegro, en écho à
l'agitation qui s'empare de l'héroïne qui ne sait où aller (Je vais, mais où?)
avant d'évoluer vers un Andante sostenuot à 3/4 où s'exprime la tendresse. Pour
installer l'intimité propice à la confidence, Mozart a écarté les instruments
aigus (pas de flûte ni de hautbois, encore moins de trompette) et a privilégié
les clarinettes, les bassons et les cors comme le registre médian de la voix.
Giunse alfin il momento... Deh vieni, non
tardar
Extrait du quatrième et dernier acte Noces
de Figaro, cet air met en scène Suzanne bien décidée à se moquer de Figaro qui
a osé douter de sa fidélité. Elle tente une (fausse) opération de séduction
pour exciter la jalousie de son fiancé. Commence alors un récitatif accompagné
par l'orchestre dans lequel Suzanne se réjouit de retrouver son bien-aimé.
Suit l'air, Andante, marqué par un solo hautbois et de basson accompagné
des pizzicatos délicats des cordes. La belle invite aux plaisirs de l'amour
dans un contexte pastoral favorable.
Ah! Perfido opus 65
Si Mozart était déjà mort depuis cinq ans
quand le jeune Beethoven composa Ah! Perfido, son empreinte ne peut se nier.
Cet air en italien où alternent récitatif et air chanté emprunte en effet un
langage qui reste classique. Et sa créatrice, Josefa Dušek, comptait parmi les
amies de Mozart qui lui écrivit le merveilleux Bella mia fiamma. Beethoven
traduit l'humeur violente de l'amoureuse trahie dès les premières notes
fortissimo de l'Allegro con brio. L'atmosphère reste noire et la
musique appelle à la vengeance. Le compositeur traduit ensuite par des
changements de tempo et d'orchestration l'évolution psychologique du
personnage. La femme qui voit son amant partir finit par implorer sa pitié et
le supplie de ne pas l'abandonner. Difficile de ne pas penser à Donna Elvira
dans Don Giovanni durant ces douze minutes intenses et inspirées.
Symphonie n° 4 en la majeur op. 90 «
Italienne »
Artiste surdoué (poésie, littérature,
peinture), Mendelssohn s’essaie dès sa prime adolescence à
l’écriture orchestrale (les douze symphonies pour cordes) avant de composer à
quinze ans, sa Symphonie n° 1. La Symphonie n° 3 « Ecossaise », esquissée en
1830, achevée en 1842, et la Symphonie n° 4 « Italienne » (1831/1833) se croisent
et reflètent les voyages européens (Angleterre, Ecosse, Italie, France) d’un
jeune compositeur avide de découvertes. Mais il ne faut pas y chercher un
quelconque programme ni une volonté folklorique par la citation de mélodies
populaires. Il y a certes le Saltarello final de l'« Italienne » qui
peut laisser deviner une influence napolitaine. Mais le reste ? Faut-il
entendre le rythme régulier des croches graves comme l’écho d’une procession
religieuse ? On a pu l’écrire (tout comme la référence à un chant de
pèlerinage bohémien) mais la prudence reste de rigueur. Sont en revanche d’une
origine italienne contrôlée, la lumière, la fluidité, l’enthousiasme,
l’exubérance des mouvements extrêmes tout comme la nature des instruments qui
énoncent le premier thème (violon, instrument né et développé en Italie).
Les éléments biographiques ne livrant pas les clefs de
cette œuvre radieuse, mieux vaut se référer à quelques traits purement
musicaux. Le premier mouvement réunit trois idées : l’élan des violons sur
un accord parfait majeur, appuyés sur le staccato des bois, une mélodie calme,
présentée par les clarinettes et les flûtes, puis un motif en notes pointées,
plus sévère, qui se superpose au premier thème. L’Andante joue avec l’ombre et
la lumière de ses deux thèmes, l’un mineur, grave, voire plaintif, l’autre
majeur et aérien. Après la longue mélodie du Con moto moderato qui se déroule
dans les cordes aiguës, le trio central, annoncé par un appel de cors, installe
un climat mystérieux, beaucoup plus « romantique ». La symphonie par son
célèbre et papillonnant Saltarello, ivre de liberté et de couleurs
(superposition des flûtes sur les violons).
Programme
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) , Les Hébrides, ouverture opus 26
20ème Festival de Pâques de Deauville - du 23 avril au 7 mai 2016 Jérémie Rhorer direction , L' Atelier de musique ensemble , Le Cercle de l'Harmonie ensemble
Les Hébrides |
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) , Vado, ma dove K. 583
20ème Festival de Pâques de Deauville - du 23 avril au 7 mai 2016 Susana Gaspar Soprano , Jérémie Rhorer direction , L' Atelier de musique ensemble , Le Cercle de l'Harmonie ensemble
Vado |
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) , Les Noces de Figaro K. 492 Susanna, Giunse alfin il momento... Deh vieni, non tardar
20ème Festival de Pâques de Deauville - du 23 avril au 7 mai 2016 Susana Gaspar Soprano , Jérémie Rhorer direction , L' Atelier de musique ensemble , Le Cercle de l'Harmonie ensemble
Les Noces de Figaro |
Ludwig van Beethoven (1770-1827) , Ah ! Perfido opus 65
20ème Festival de Pâques de Deauville - du 23 avril au 7 mai 2016 Susana Gaspar Soprano , Jérémie Rhorer direction , L' Atelier de musique ensemble , Le Cercle de l'Harmonie ensemble
Ah! Perfido opus 65 |
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) , Nehmt meinen Dank K.383
20ème Festival de Pâques de Deauville - du 23 avril au 7 mai 2016 Susana Gaspar Soprano , Jérémie Rhorer direction , L' Atelier de musique ensemble , Le Cercle de l'Harmonie ensemble
Nehmt meinen Dank |
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) , Symphonie n° 4 Italienne en la majeur opus 90
20ème Festival de Pâques de Deauville - du 23 avril au 7 mai 2016 Jérémie Rhorer direction , L' Atelier de musique ensemble , Le Cercle de l'Harmonie ensemble ,
1.Allegro vivace |
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2.Andante con moto |
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3.Con moto moderato |
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4.Saltarello, Presto |
En 1997, quatre jeunes solistes – Renaud Capuçon, Jérôme Pernoo, Nicholas Angelich et Jérôme Ducros - fondaient le festival de Pâques de Deauville avec Yves Petit de Voize et le parrainage spontané de Maria João Pires, d’Augustin Dumay et d’Emmanuel Krivine. Dans l’écrin idéal de la salle Elie de Brignac (célèbre pour ses ventes de pur-sang) ils invitèrent à les rejoindre tout ce que la France comptait de jeunes musiciens de chambre doués et ambitieux. Du trio à l’orchestre et de la musique baroque à celle de notre époque, une centaine de jeunes instrumentistes et d’ensembles se retrouvent toujours chaque printemps à Deauville dans le même esprit d’amitié et de partage qui prévalait il y a vingt ans. Des carrières s’y sont révélées, des vocations affirmées et des ensembles s’y sont formés comme Le Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rhorer. « Incubateur de talents, lieu unique de rencontres et d’expérimentations » (La Tribune), le festival de Pâques de Deauville réunit toujours « tout ce qui naît ou s’affirme, avec une conception large du répertoire » (Le Monde).