Concert

15ème Août musical de Deauville
du 29 juillet au 10 août 2016

C'est pour lire et jouer plus de musique encore que les musiciens du festival de Pâques décidèrent, en 2002, de créer l'Août musical de Deauville ; et surtout pour y rencontrer leurs cadets les plus prometteurs dans des concerts où alternent solos instrumentaux et œuvres de musique de chambre les plus diverses, de la période classique à la musique de notre temps.
samedi 06 août 2016
C'est durant l'été 1915, alors qu'il
travaille à ses études pour piano que Debussy entreprend une série de six
sonates pour divers instruments dont l'intitulé comme le nombre
renvoie directement aux recueils du XVIIIe siècle, ceux de
Couperin, Rameau et des « vieux clavecinistes » qui avaient « le
secret de cette grâce profonde, de cette émotion sans épilepsie »
comme il l'écrira à un ami. Le héraut de la musique moderne ressent ainsi le
besoin de revisiter les anciens au soir de vie : il n'a pourtant que
cinquante-trois ans mais souffre depuis plusieurs années d'un cancer du rectum
qui l'emportera. Il veut honorer le patrimoine français en cette période de
guerre et marquera d'ailleurs sur la partition : Claude Debussy,
musicien français.
La maladie l'empêchera de mener à bien son
projet, l'abandonnant à mi-parcours. Il composa en effet une sonate pour
violoncelle et piano, une sonate pour flûte, alto et harpe et la
présente sonate pour violon et piano. Achevée en avril 1917 alors que le
compositeur révise les six sonates pour violon et clavecin de Bach
(signe que son patriotisme acharné avait ses flexibilités), elle sera créée le
5 mai salle Gaveau, au profit de l'association Pour le Foyer du soldat
aveugle. Gaston Poulet tient le violon et Claude Debussy le piano : ce
sera une de ses dernières apparitions publiques.
Qui considère, à tort, Debussy comme un
compositeur impressionniste, auteur d'une musique aux contours volontairement
flous, sera surpris par la netteté de trait de la sonate. Elle commence en
effet, allegro vivo, par une figure descendante (un arpège de
tonique) au violon au-dessus d'accords stables du piano : ces six
premières notes reviendront plusieurs fois comme un pilier qui stabilise
l'édifice. Le second thème, également présenté par le violon, se concentre sur
des notes conjointes et des croches régulières, alors que la main droite du
piano balaie de larges arpèges.
S'il est difficile de caractériser ce
premier mouvement, le deuxième, nommé à raison, intermède, contraste par
son caractère « fantasque et léger » que demande le compositeur. Le
violon est en effet amené à exécuter de nombreuses acrobaties et adopte souvent
un ton goguenard. Un second sujet, présenté conjointement au violon et au
piano, en notes pointées, « expressif et sans rigueur » se montre
plus grave.
Le finale, « très
animé », n'a rien d'un chant du cygne mais s'apparente plutôt à un
mouvement perpétuel qui débute par une citation du premier thème de l'allegro
vivo. Serait-ce un ultime sursaut de vie ?
Quand, en 1847, Schumann entreprend la
composition de ses deux trios, l'opus 63 et l'opus 80, il a déjà
entassé, cinq ans plus tôt, des trésors de musique de chambre (ses trois
quatuors, son quatuor et son quintette avec piano) même si l'essentiel de sa
musique va à son seul instrument, le piano. Il vit désormais à Dresde et a déjà
ressenti les signes de la dégradation de sa santé mentale. Ce trio, dont
l'écriture sera interrompue par celle de l'opéra Genoveva et
de la musique de scène du Manfred de Byron, n'en porte
pourtant aucune trace et se montre, au contraire, plutôt avenant.
Le premier mouvement, sehr lebhaft (très
animé) s'ouvre vaillamment par le violon et le violoncelle à l'unisson,
ballottés par une musique aux appuis souvent instables. Après une accélération
des deux instruments à cordes en notes répétées, le violon fait entendre le
second thème, régulier et stable, en notes conjointes tandis que le piano
déploie ses arpèges.
Le mouvement lent crée un contraste
saisissant et s'oriente vers une expression intérieure comme l'indique la
partition (mit innigem Ausdruck) qui n'exclut pas quelques brefs
épisodes tourmentés. Le violon qui a présenté le thème principal fera entendre
une autre idée, plus sinueuse. A la place du traditionnel scherzo,
Schumann glisse un intermède « dans un mouvement modéré » (Im
mâssiger Bewegung) qui fait entendre une mélodie en canon qui peut paraître
aussi bien désinvolte que nostalgique.
Le finale sollicite les
trois instruments pour échafauder son sujet principal : un mouvement legato au
piano, des notes détachées au violoncelle et une idée affirmée par le violon.
Mais il faut bien le reconnaître, la construction complexe de ce mouvement ne
se laisse pas facilement deviner à la première écoute et laisse une impression
de mouvement sans fin, un peu comme la sonate de Debussy.
Programme
Claude Debussy (1862-1918) , Sonate pour violon et piano n° 3 en sol mineur
15ème Août musical de Deauville - du 29 juillet au 10 août 2016 Amaury Coeytaux Violon , Guillaume Vincent piano ,
1.Allegro vivo |
|
2.Intermède (Fantasque et léger) |
|
3.Finale (Très animé) |
Robert Schumann (1810-1856) , Trio pour violon, violoncelle et piano n° 2 en fa majeur opus 80
15ème Août musical de Deauville - du 29 juillet au 10 août 2016 David Petrlik Violon , Yan Levionnois Violoncelle , Guillaume Bellom piano ,
1.Sehr lebhaft |
|
2.Mit innigem Ausdruck |
|
3.In massïger Bewegung |
|
4.Nicht zu rasch |
C'est pour lire et jouer plus de musique encore que les musiciens du festival de Pâques décidèrent, en 2002, de créer l'Août musical de Deauville ; et surtout pour y rencontrer leurs cadets les plus prometteurs dans des concerts où alternent solos instrumentaux et œuvres de musique de chambre les plus diverses, de la période classique à la musique de notre temps.