Concert

21ème Festival de Pâques de Deauville
du 15 au 30 avril 2017

En 1997, quatre jeunes solistes – Renaud Capuçon, Jérôme Pernoo, Nicholas Angelich et Jérôme Ducros - fondaient le festival de Pâques de Deauville avec Yves Petit de Voize et le parrainage spontané de Maria João Pires, d’Augustin Dumay et d’Emmanuel Krivine. Dans l’écrin idéal de la salle Elie de Brignac (célèbre pour ses ventes de pur-sang) ils invitèrent à les rejoindre tout ce que la France comptait de jeunes musiciens de chambre doués et ambitieux. Du trio à l’orchestre et de la musique baroque à celle de notre époque, une centaine de jeunes instrumentistes et d’ensembles se retrouvent toujours chaque printemps à Deauville dans le même esprit d’amitié et de partage qui prévalait il y a vingt ans. Des carrières s’y sont révélées, des vocations affirmées et des ensembles s’y sont formés comme Le Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rhorer. « Incubateur de talents, lieu unique de rencontres et d’expérimentations » (La Tribune), le festival de Pâques de Deauville réunit toujours « tout ce qui naît ou s’affirme, avec une conception large du répertoire » (Le Monde).
dimanche 16 avril 2017
Le concert de cet après-midi couvre un demi-siècle de création musicale et permet de mesurer l'évolution de l’œuvre de Ligeti comme d'en repérer les constantes. Les deux premières minutes dessinent ainsi sur ce portrait un sourire narquois qui ne quittera pas l'artiste. Cette Étude polyphonique pour piano à quatre mains (1943) signée d'un étudiant au conservatoire de Kolozsvár superpose en effet deux boucles qui pourraient tourner en rond indéfiniment. Une bonne humeur énergique et insouciante, aux lointains échos de Bartók, emporte la brève Sonatine pour piano à quatre mains (1950), comme la plupart de la musique de Ligeti de cette époque, malgré un destin personnel terrible (la plupart de sa famille a péri à Auschwitz)..
Le trio pour cor, violon et piano
(1982) fait un saut de presque trente ans et ne reflète que partiellement
l'étonnant parcours de Ligeti, insaisissable, rétif à toute classification,
toujours prêt à défier le sens des modes. Aussi n'hésite-t-il pas à sous-titrer
« Hommage à Brahms » son trio, adoptant le même effectif et la même
forme classique en quatre mouvements (le premier lent) que l'opus 40 de son lointain prédécesseur.
Il mentionne également une « fausse citation » de la sonate Les Adieux de Beethoven
dans le finale additionnant ainsi des
signes de révolte « contre les conventions de l'avant-garde ». Malgré
le parrainage de ces deux illustres compositeurs, le trio de Ligeti ne saurait
passer pour un pastiche ni une évocation nostalgique. Il enferme en effet la
pensée synthétique du compositeur tout en mentionnant certains de ses traits
familiers. Signalons par exemple l'allure horlogère du deuxième mouvement
modelé par la musique folklorique (fascination pour les mouvements perpétuels
et les divisions irrégulières du temps), la fausse grandeur du troisième
mouvement (une marche qui perd pied) mais aussi l'émotion contenue du finale
dans laquelle le son se raréfie et les écarts se creusent entre le grave du cor
et l'aigu du violon.
La transition
avec les quatre études pour piano
choisies pour ce concert monographique se fait naturellement. Elles sont non
seulement contemporaines mais présentent la même diversité stylistique.
Ajoutons que Cordes à vide (1985), extraite du premier livre, demande de
faire entendre « comme un cor dans le lointain ». Cette page évoque
une pièce de Debussy sur laquelle des portées auraient été gommées laissant
ainsi une impression indéfinissable. Malgré son titre, Automne à Varsovie
(1985) ne se réfère pas à Chopin, fameux auteur d'études pour piano, ni à
Szymanowski, autre Polonais qui contribua au genre, mais à l'Afrique et à sa
polyrythmie : « un seul pianiste, avec seulement deux mains, semble jouer
simultanément à deux, trois, parfois quatre vitesses différentes » indique
Ligeti. Der Zauberlehrling (L'Apprenti Sorcier) (1994) et Vertige
(1990) issues du deuxième cahier, parcourent une fois de plus le clavier prestissimo
d'une main aérienne et laissent percevoir des échos mécaniques.
Ce copieux
programme se termine par une des œuvres les plus célèbres de Ligeti et opère un
retour vers les années 1950. Les six
bagatelles pour quintette à vent (1953) répondent à une
commande du quintette Jeney, ensemble alors célèbre en Hongrie. Ligeti arrange
alors six des onze pièces de son cycle pour piano Musica Ricercata. Le
compositeur les dits « influencées tout particulièrement par Bartók et
Stravinsky » et les qualifient de « Ligeti préhistorique » car, alors à
Budapest, il était impossible d'écouter de la musique moderne. N'oublions
pas que les stations de radio des pays occidentaux étaient brouillées. La
première évoque irrésistiblement Stravinsky par son humour féroce et résonne
comme un souvenir du premier mouvement de la Sonatine entendue
précédemment. Ces pièces pour flûte, hautbois, clarinette, basson et cor
réussissent des alliages de timbres savoureux qui les rendent aussi accessibles
que séduisantes. Mais Ligeti dut attendre un relâchement du régime politique
pour les entendre en concert en 1956. Pas toutes les six, seulement les cinq
premières. « En effet, la sixième pièce était toujours interdite à cause
de la profusion de secondes mineures ; les systèmes totalitaires n’aiment pas
les dissonances » conclut Ligeti avec son humour habituel...
Programme
György Ligeti (1923-2006) , Szonatina pour piano à quatre mains
21ème Festival de Pâques de Deauville - du 15 au 30 avril 2017 Guillaume Vincent piano , Jonas Vitaud piano ,
1.Allegro |
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2.Andante |
|
3.Vivace |
György Ligeti (1923-2006) , Etudes pour piano, premier livre
21ème Festival de Pâques de Deauville - du 15 au 30 avril 2017 Guillaume Vincent piano
2.Cordes à vide |
En 1997, quatre jeunes solistes – Renaud Capuçon, Jérôme Pernoo, Nicholas Angelich et Jérôme Ducros - fondaient le festival de Pâques de Deauville avec Yves Petit de Voize et le parrainage spontané de Maria João Pires, d’Augustin Dumay et d’Emmanuel Krivine. Dans l’écrin idéal de la salle Elie de Brignac (célèbre pour ses ventes de pur-sang) ils invitèrent à les rejoindre tout ce que la France comptait de jeunes musiciens de chambre doués et ambitieux. Du trio à l’orchestre et de la musique baroque à celle de notre époque, une centaine de jeunes instrumentistes et d’ensembles se retrouvent toujours chaque printemps à Deauville dans le même esprit d’amitié et de partage qui prévalait il y a vingt ans. Des carrières s’y sont révélées, des vocations affirmées et des ensembles s’y sont formés comme Le Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rhorer. « Incubateur de talents, lieu unique de rencontres et d’expérimentations » (La Tribune), le festival de Pâques de Deauville réunit toujours « tout ce qui naît ou s’affirme, avec une conception large du répertoire » (Le Monde).